Dire “huile” pour tout, c’est se tromper d’outil. Pour bien parler d’aromathérapie, il faut distinguer trois matières qui n’ont rien à voir entre elles. On vous les présente simplement, en expliquant chaque terme important entre parenthèses.
1. L’huile essentielle (HE) — l’arôme concentré et volatil
Qu’est-ce que c’est ?
La fraction aromatique très volatile (qui s’évapore facilement) obtenue surtout par hydrodistillation (on fait passer de la vapeur dans la plante, on refroidit pour condenser, puis on sépare l’huile de l’eau) ; pour les agrumes, on parle d’expression à froid (on presse le zeste sans chauffer).
Comment la lire ?
Une HE est une mosaïque de molécules :
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Monoterpènes (petites molécules très légères → odeurs vives),
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Esters (liaison acide + alcool → souvent “douce” au nez),
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Alcools (famille chimique avec un groupe –OH),
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Oxydes (molécules “oxygénées”), etc.
À retenir :
Une HE, c’est l’odeur concentrée d’une plante sous forme huileuse (mais sans gras au sens cosmétique). Elle parle d’abord au nez par son odeur, et interagit aussi avec la peau grâce à sa lipophilie (affinité pour les corps gras).
2. L’hydrolat — l’eau aromatique douce
Qu’est-ce que c’est ?
L’hydrolat (aussi appelé eau florale quand il vient d’une fleur) est la phase aqueuse issue de la même distillation que l’HE : il contient une infime quantité de composés solubles dans l’eau (d’où sa douceur).
À quoi s’attendre ?
Odeur légère, sensation délicate, grande simplicité d’approche au quotidien.
À retenir :
C’est l’eau de distillation porteuse d’un écho d’odeur — une manière douce d’approcher le monde aromatique.
3. L’huile végétale (HV) — le corps gras support
Qu’est-ce que c’est ?
Une matière grasse composée surtout de triglycérides (trois acides gras liés à un glycérol) et d’une petite fraction d’insaponifiables (éléments qui ne deviennent pas savon, ex. tocophérols/vitamine E, phytostérols).
Comment la lire ?
Chaque HV a un profil lipidique (répartition des acides gras) qui explique sa texture (fluide/épaisse), son toucher (sec/riche) et sa stabilité (tendance à s’oxyder = rancir).
À retenir :
L’HV est neutre au nez (ou discrète) et sert souvent de support (une base) pour approcher en douceur d’autres matières.
Pourquoi on les confond… et comment ne plus se tromper
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Le mot “huile” trompe : une HE n’est pas grasse ; une HV n’a pas d’odeur aromatique forte.
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Deux circuits différents : l’HE s’adresse d’abord au nez (odeur) et interagit avec la peau par ses molécules lipophiles ; l’HV nourrit la texture et le film cutané ; l’hydrolat apporte la douceur aqueuse.
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Choisir l’outil : on ne remplace pas l’un par l’autre. On peut les associer intelligemment : une base HV pour la texture, une touche d’HE pour l’odeur, un hydrolat pour la douceur.
Ce que la variabilité naturelle change concrètement
Deux flacons « semblables » peuvent différer parce que, comme nous l’avons vu, la nature varie : sol, climat, altitude, saison, partie de plante, méthode de distillation. C’est là qu’interviennent :
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le nom latin (identité botanique stable),
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le chémotype (profil dominant au sein d’une espèce),
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le numéro de lot (récolte + distillation identifiées),
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et l’origine (pays/terroir).
Ces repères aident à comprendre ce que l’on a réellement entre les mains.
Vocabulaire utile (rappel)
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Hydrodistillation : vapeur → condensation → séparation HE/hydrolat.
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Expression à froid : pression mécanique du zeste (agrumes).
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Lipophilie : affinité pour les corps gras (les molécules “aiment” se dissoudre dans le gras).
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Oxydation : réaction avec l’oxygène qui peut altérer un corps gras (odeur rance, sensation piquante sur la peau).
Et vous ? Dites-nous en commentaire quelle matière vous intrigue le plus : hydrolats, huiles végétales ou huiles essentielles ? Vos réponses guideront l’ordre des prochains chapitres !
— L’équipe de la Savonnerie Aroma-Dock
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